Cette exposition a été présentée à l’Ecole des beaux-arts du Mans en 1999, puis en 2000 au Centre national de la photographie à Paris, à l’Ambassade de France à Rome et au Festival international du film de Locarno, en 2002 à la Médiathèque de Metz, en 2004 au Centre national d’art contemporain de la Villa Arson de Nice, en 2012 à l’école d’art de Grenoble, en 2016 à la Miguel Abreu Gallery de New-York .
Lettre du commissaire
En 1998, invité à parler de « l’image en mouvement » à l’École des beaux-arts du Mans, Dominique Païni alors directeur de la Cinémathèque française nous fit la proposition, à Servane Zanotti, Pascal Kern et moi même, de faire une exposition sur le cinéma des Straub. Il connaissait l’estime que nous portions à l’oeuvre de ces cinéastes avec qui nous avions déjà travaillé quelques années auparavant.
Ce fut pour nous une évidence d’accepter et de nous lancer dans cette aventure paradoxale. Elle consistait à exposer une oeuvre de cinéma, objet temporel résistant à la présentation interrompue de son flux par un photogramme isolé, arrêt sur image, anamnèse sensée témoigner d’un déploiement cinématographique.
Ce qui pour une grande partie de la production internationale de films
de cinéma relèverait simplement du registre de la documentation (image extraite pour mémoire, pour information) devient dans le cas du travail de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub un nouvel accès à l’un des aspects essentiels de leur oeuvre : le cadrage.
Le cadre des Straub porte le temps. Il s’inscrit dans la durée de l’image. Sa précision propice à la saisie du mouvement ouvre un espace qui permet l’inscription d’une expérience unique, à chaque fois renouvelée, dans un lieu dont l’analogie première est le cadre de la peinture.
C’est ce cadre que les photogrammes nous restituent. S’ils renvoient directement aux films, ils révèlent aussi leur autonomie puissante et leur force expressive. Leur qualité plastique fondamentale nous a guidé pour la conception de cette exposition.
L’oeuvre des Straub est exemplaire par son engagement dans une forme artistique nourrie de l’histoire des arts. Le cinéma, la peinture et de manière centrale la littérature, la musique et le théâtre irriguent l’ensemble de leur travail. Leur détermination politique sous-tend chacun de leurs choix, explorant sans relâche les arcanes des relations humaines, en quête d’une communauté émancipée, poétique.
Des visages aux paysages, des corps aux architectures ils nous convient à parcourir une mémoire active des êtres et du monde.
L’exposition en témoigne entièrement. Elle s’adresse à un public d’amateur ou de non initiés. Loin d’être indispensable à la découverte et à l’appréciation de l’ oeuvre, elle se veut une approche favorisant la réflexion et l’interrogation, un temps offert afin de réaliser combien chaque image est « métonymiquement » imprégnée du film dont elle est extraite. Chaque accrochage est lié à une programmation rétrospective des films, complète ou partielle.
La Cinémathèque nous donna accès aux films et aux archives que nous avons pu visionner avec l’attention nécessaire pour une sélection significative dans le cadre de notre projet. Marianne de Fleury et Stéphane Dabrovski nous furent, au départ, d’une aide précieuse.
Au sein de l’association nous sommes responsables de la forme, de l’évolution et de l’itinérance de cette exposition.
Jean-Louis Raymond
Commissaire de l’exposition « J.M Straub et D. Huillet, des films et leurs sites »